Dans le « coude » de l'allée des Chênes, vendredi, les huées succédaient aux applaudissements. La pose de la première pierre du futur EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) était encadrée de banderoles de protestation. « On n'est pas contre l'EHPAD, mais contre son lieu d'implantation, lâche Serge Fontaine, représentant d'un collectif de riverains en colère. On veut conserver cette espace vert qui existe depuis la création du lotissement. Il y a énormément de possibilités à Harnes. Le maire lui même nous a parlé, lors d'une réunion de présentation du projet en février 2010, d'un terrain rue de Varsovie. » Une réunion de présentation, et non de consultation, regrette-t-il. « Il y a eu une enquête publique pour cette construction. Trois cent vingt-neuf personnes se sont prononcées contre. Ce n'est pas rien ! », fustige l'homme, appuyé par le reste du collectif.
Le groupe assure aussi ne pas seulement se soucier de leur lopin de terre, mais aussi du bien-être des futurs résidents. « On nous dit que ces personnes dépendantes vont traverser la passerelle et aller se balader dans le bois. Mais ce n'est pas accessible pour elles ! Là, elles ne verront que le canal et nos jardins. On pense aussi à ces gens-là. Et puis, c'est enclavé. Point de vue sécurité si des ambulances ou les pompiers ont besoin d'y accéder... » Le collectif compte désormais sur le recours qu'il a déposé devant le tribunal administratif. « Un vice de procédure. Il ne respecte ni la démocratie, ni la justice. Il n'attend pas que la question soit tranchée par le tribunal administratif pour lancer le chantier car le motif n'est pas suspensif... » « Ce n'est pas bloquant. Nous continuerons donc notre action et réagirons sur cet événement si nécessaire », confirme Philippe Duquesnoy, maire. Car il en est convaincu : « Comme l'a dit Jean-Pierre Kucheida, fort de son expérience à Liévin, cet emplacement est le meilleur pour nos anciens. On le sait, les familles ne peuvent pas toujours être présentes, mais les personnes de même génération, oui. Aujourd'hui, nous avons la chance de pouvoir conjuguer ce foyer Ambroise-Croizat et l'EHPAD. » Séparées d'à peine 200 mètres, les deux structures pourraient aisément tisser des liens. Quant à la rue de Varsovie : « On perdrait les conditions fixées au départ : cette volonté que les uns et les autres se rencontrent. Un EHPAD ne doit pas être éloigné du centre-ville. » Mais le premier édile socialiste soupçonne une autre motivation à cette protestation : « Quand je vois que l'opposition est présente autour d'eux (NDLR : Yvan Druon, ancien maire - PCF -, s'est joint au collectif), il me semble que c'est plus politique qu'une réelle nuisance.
Si c'était un bowling, une déchetterie ou autres, nous aurions réfléchi... Mais ils me font le coup à chaque lancement de construction. Si ça, c'est pas un coup politique... Moi, j'ai été élu pour que la ville évolue. »
PAR CAMILLE RAAD
lens@info-artois.fr
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